« Soudain il constate une imperfection dans les installations électriques, un détail qui cloche et c’est l’univers entier qui déraille et ce qui nous paraît être un léger dérèglement, est, pour Claude, la fin du monde. L’applique de l’ampoule située juste au-dessus de sa tête n’est pas droite. Si on ne fait pas quelque chose, maintenant, c’est la promesse d’une journée de travers qui va annoncer quelque chose de bancale. Claude est contrarié.  Il va devoir faire un effort surhumain. S’arracher à la tendresse d’un bain maternel chaud, abandonner momentanément le pays du bain moussant chaud senteur de bonbons pour pénétrer dans un monde d’adultes et d’électriciens. Cette ampoule c’est l’injure à l’ordre de l’univers. Il se peut que cela soit le plus grand effort qu’il n’ait jamais fourni de toute sa vie. Les cinq mille kilomètres par an, les galas, les fans en délire, les couchers à 6 heures du matin, les réveils à 8h en tournée, tout cela n’est rien comparé à ce qu’il va s’imposer à cet instant, le très maniaque François Claude. S’appuyer sur les poignées d’argent de la baignoire, étirer les muscles de ses cuisses, lutter contre l’apesanteur et le ridicule pour se retrouver habillé de mousse comme dans une robe de mariée déchirée. Et pourtant il va exécuter ce mouvement, il le sait, il ne sait que ça. »