Cie Carabosse
Par les temps qui courent (création in situ)
Depuis pas mal de temps déjà, Carabosse navigue ici et là ! Souvenez-vous des 70 ans Gratte-Ciel en feu en 2004 et Hôtel particulier leur dernière création.
Ses mouillages sont les places publiques qu’ils transforment lors de leurs escales. À chaque fois, c’est l’occasion de montrer leur cargaison de poésie et de rêves, d’offrir à tous des instants rares et de partager des regards précieux. Ce sont des artisans-voyageurs, attirés par l’ailleurs et par les autres, des navigateurs de l’asphalte et du chemin poussiéreux.
Pendant sa résidence du 12 au 19 juin, la compagnie Carabosse installe un laboratoire de création autour d’un nouveau projet de création collective et transdisciplinaire, entre feu, métal, musique, peinture, poésie et vidéo. Une dizaine d’artistes collaborent et naviguent ensemble, dont Patrick Singh (artiste peintre), Jérôme Aubrun (créateur vidéo) Denis Péan (poète leader du groupe Lo’jo) ou encore Sylvie Monier (théâtre d’objets).
Par les temps qui courent, je pars, range les fleuves dans les boites à chapeaux ; au fond des écrins d’aiguilles à phonographe je pose 2 mystères.
Les dieux fâchés je les prends sous mon aile ; l’énigme porterai sur ma tête, couronne de carton !
Je pars héler le feu, compter les pays sur un boulier de perles rares, vendre des doutes au marché d’un parage. Par les temps qui courent j’enfourche la piste, apprendre les signaux des patelins perchés, sertir mes empreintes d’inouï, couler des limons, porter l’estocade, les points d’une interrogation à des bibliothèques.
J’irai -croquant- troquer des balivernes. Le jour sera fêlé -sans doute- déconvenu, acide d’un affront, pelé, âcre, soudain, peuplé de races.
Peu importe à la vérité les poisons chantants, les menteries d’apôtres, les veillées d’hommes d’où sortent des venins, des cornes d’abondance.
Je pars héler le feu, causer au bleu des flammes d’aventure.
Le jour sera beau du souvenir, comme le pardon, les nervures d’iris, beauté que rive l’incertain, comme un sexe de Joconde, telle les créatures de l’oued où passa un archange.
Voilà les sentiers que prirent les verriers nomades, les transhumances des bêtes à masque d’hommes, un chanteur-charbonnier ravaudeur de faïence et puis de va-nu-pieds harnachés d’amulettes. Voilà le ciel des migrations d’oiseaux, des colporteurs de braises à 3 valises, des marins qui vont sans voile courir l’imaginé.
Denis Péan